Tensions entre la Grèce et la Turquie : à Rhodes, la proximité menacée

Une crise ? Quelle crise ? Déambulant torses nus et tongs aux pieds sur le port de Rhodes, les touristes étrangers n'ont pas noté que l'air était devenu un peu plus respirable cette semaine sur l'île du Dodécanèse. Maria, qui vend des sorties à la journée en mer Egée, ne s'en étonne pas : "La plupart ignore tout de ce qui arrive ici et comme cela se passe au large...", lâche-t-elle en terminant sur le pouce son Tupperware de spaghettis. En revanche, la brune quarantenaire se dit elle "un peu inquiète". "Ce n'est pas pour rien qu'il y a ce bateau ici", explique-t-elle en montrant au loin le navire militaire à quai. Bien sûr, comme tous les locaux, Maria a l'habitude des bisbilles entre les deux pays. "Depuis que je suis petite, on me répète que les Turcs violent notre espace aérien et nos eaux territoriales", résume-t-elle.

L'histoire entre Ankara et Rhodes ne se résume pas à ça. Elle remonte même à des temps bien plus anciens. Pendant quatre siècles et jusqu'en 1912, l'île a vécu sous domination de l'empire ottoman. La mosquée et les bains turcs de la vieille ville de Rhodes témoignent de ce passé. Encore aujourd'hui, l'île compte 3.500 Grecs d'origine turcs. Et les échanges entre les deux rives, à une demi-heure de ferry l'une de l'autre, n'ont jamais cessé. "Avant le Covid, il y avait au minimum quatre bateaux par jour qui arrivaient ici", souligne Andonis Cambourakis, l'affable maire de Rhodes. Et d'en tirer une leçon pleine d'humanisme : "Ce qui nous rapproche est infin...


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