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Tensions en Méditerranée: que se passe-t-il entre la France et la Turquie?

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avant une rencontre avec les  présidents de la Commission européenne et du Conseil européen à Bruxelles, le 9 mars 2020 - JOHN THYS © 2019 AFP
Le président turc Recep Tayyip Erdogan avant une rencontre avec les présidents de la Commission européenne et du Conseil européen à Bruxelles, le 9 mars 2020 - JOHN THYS © 2019 AFP

Les tensions se dégradent entre Ankara et plusieurs pays de l'Union européenne. Et en particulier la France. Elles se sont détériorées particulièrement ces derniers jours dans la partie orientale de la Méditerranée, à la faveur d'un conflit dans une zone riche en hydrocarbures, que se dispute la Turquie et la Grèce.

Athènes accuse Ankara de mener des recherches énergétiques illégales dans ses eaux. De son côté, la France, qui dénonce les actions "unilatérales" de la Turquie, a annoncé jeudi avoir déployé temporairement deux chasseurs Rafale et deux bâtiments de guerre en Méditerranée orientale pour faire "respecter le droit international".

La découverte ces dernières années de vastes gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé l'appétit des pays riverains et renforcé les tensions entre la Turquie et la Grèce, deux pays voisins aux relations régulièrement ponctuées de crises.

La Grèce accuse la Turquie de violer son territoire

Les tensions actuelles sont en grande partie dues à un différend entre Athènes et Ankara concernant les délimitations de leurs frontières maritimes, à l'origine de nombreuses disputes ces dernières années entre ces deux membres de l'Otan.

Athènes accuse Ankara de violer son territoire en effectuant des recherches énergétiques au sud de l'île grecque de Kastellorizo (Meis, en turc), mais la Turquie refuse d'admettre que ce petit territoire situé près de ses côtes limite son champ d'action.

"Revendiquer une souveraineté maritime en se servant de l'île de Meis, située à deux kilomètres des côtes turques et 580 kilomètres de la Grèce métropolitaine, ne peut s'expliquer rationnellement", estime le président turc.

Recep Tayyip Erdogan a déclaré jeudi qu'il allait s'entretenir dans la journée avec la chancelière allemande Angela Merkel et le président du Conseil européen Charles Michel pour tenter d'apaiser les tensions en Méditerranée orientale. "La solution en Méditerranée orientale passe par le dialogue et les négociations", a affirmé le président turc, ajoutant toutefois qu'Ankara ne "laisserait aucun pays empiéter sur ses droits".

Montée en tensions sur la Libye

Les relations entre la Grèce et la Turquie sont marquées par des réguliers retours de tensions. La question chypriote voit les deux pays s'affronter depuis plus de 40 ans, tout comme le sujet des îles du Dodécanèse, au large de la Turquie mais sous souveraineté grecque. C'est une forme de guerre froide que se mène les deux pays.

Mais Emmanuel Macron n'a pas attendu le conflit avec la Grèce pour avoir une relation tendue avec la Turquie. Déjà en juin, c'est le dossier libyen qui crispait les échanges entre les deux parties.

Il avait alors accusé le pays gouverné par Recep Tayyip Erdogan de "responsabilité historique et criminelle". Des mots très durs envers un membre de l'Otan et pays considéré allié. "Nous sommes à un moment d'indispensable clarification de la politique turque en Libye, qui est pour nous inacceptable", avait déclaré le chef de l'Etat, assurant que "le premier intervenant extérieur (en Libye, NDLR), c'est la Turquie" et qu'elle "ne respecte aucun de ses engagements de la conférence de Berlin".

A ce moment là, c'est un quasi-acte de guerre qui avait eu lieu entre les deux pays. Un navire français, le Courbet, au large de la Libye, s'était rapproché d'un cargo suspecté d'être impliqué dans un trafic d'armes. Il avait alors fait l'objet de trois "illuminations radar". Autrement dit, un marquage de cible, ouvrant la voie à un tir de missile. Finalement, le navire français avait renoncé à son inspection.

Article original publié sur BFMTV.com