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Top 14: Poitrenaud annonce les ambitions toulousaines avant la demie face au Racing

Top 14: Poitrenaud annonce les ambitions toulousaines avant la demie face au Racing

Après une saison passée sans titre et une élimination en demi-finale de Champions Cup cette année, le Stade Toulousain, eu égard à son palmarès, se doit-il de gagner ?

Ce groupe-là, et les joueurs qui le composent, se doivent de gagner des titres oui. Ce serait du gâchis de ne pas gagner quelque chose. Avec la qualité qu’il y a dans ce groupe… Après, ce dont on a bien conscience ici, c’est que ce cela ne se fait pas tout seul. Tu as beau travailler correctement, avoir des installations qui vont bien, un effectif intéressant, ça ne se fait pas tout seul. Il faut aller chercher quelque chose de plus pour gravir les dernières marches qui sont souvent les plus difficiles.

Mais de génération en génération, ces moments-là ne font-ils pas partie de votre culture au Stade Toulousain ?

Disons que peut-être par rapport à certaines équipes, on aborde les phases finales et ces matchs couperets avec plus de sérénité car on a eu l’habitude d’en jouer. Mais ça ne les rend pas plus faciles pour autant.

Votre demi-finale de Champions Cup en atteste ?

On a fait le doublé il y a deux ans, mais sinon, on a chuté trois fois en demi-finale de Champions Cup contre le Leinster. Et cette fois, on a avait la sensation de l’avoir préparé de la bonne manière d’un point de vue stratégique. Défensivement, offensivement, sur la stratégie d’occupation, on était plutôt carré. Et c’est un autre compartiment du jeu qui nous a plombé. A quinze contre quinze, le score est de 22 à 13 en notre faveur. Le problème, c’est que tu joues vingt minutes à quatorze et que tu en prends 28. Donc c’est lourd. C’est toujours pénible d’avoir le sentiment d’être prêt et de tomber dans le panneau. C’est sûr que cette demi-finale nous a laissé un goût amer.

Vous avez eu plusieurs semaines pour préparer celle de Top 14 qui arrive, avec notamment deux week-ends sans match sur les trois derniers. Est-ce vraiment un confort comme on le dit ?

Il faut toujours réfléchir comment aborder cette période-là. Après, dire que ce n’est pas confortable, ce serait mentir. Après 32 ou 33 matchs, d’avoir du temps pour à la fois récupérer et à la fois travailler, ce qu’on n’a pas le loisir de faire dans le tourbillon du Top 14 au cœur de l’hiver, où les matchs s’enchaînent, où c’est hyper dense, c’est évidemment confortable. Attention toutefois à une forme de décompression dont on parle souvent, de déconditionnement physique ou ce genre de truc. Mais c’est notre job de bien le préparer.

Et lutter contre une forme d’unanimité qui vous voit déjà en finale contre La Rochelle ?

On ne peut pas enlever cette vision de premier et second, de vainqueur de la Champions Cup et du demi-finaliste. On ne peut pas empêcher les journalistes et le grand public d’imaginer que ça va être ça. Nous, on se concentre sur notre demi-finale. Et on verra pour la suite.

"Les joueurs n’ont aucun problème à dire qu’un entraînement ne leur convient pas"

Personnellement, quelle est votre relation avec vos joueurs ?

J’ai une relation parfois apaisée, parfois plus tendue avec eux. Comme tous les coachs avec leurs joueurs. Ce n’est pas linéaire. Après, je pense que mon job, c’est de leur donner de la confiance. Etre capable de leur dire les choses quand ça ne va pas mais surtout faire en sorte que ces mecs soient en confiance. Etre capable de créer ces connexions entre eux pour qu’ils trouvent les solutions. Un peu tout ça. Après, techniquement, évidemment qu’il y a des choses qui me tiennent à cœur, sur les skills, sur la technique individuelle. Mais ça fait plus de cinq ans qu’on travaille ensemble, on a déjà vu pas mal de choses. Le rapport que j’ai avec eux, il évolue avec le temps qu’on passe ensemble, avec les années. Essayer de les nourrir en permanence, car ils ont besoin de ça. La grande majorité sont des joueurs de haut niveau, ils ont besoin qu’on leur amène de nouvelles choses. De nouvelles idées à leur proposer, de les écouter aussi pour savoir ce qu’ils ont envie de faire ou pas. C’est un échange comme ça, permanent. Et il y a parfois des choses avec lesquelles il ne faut pas transiger et il faut arriver à leur faire comprendre que c’est ce qu’il faut faire et pas autrement.

Comment reste-t-on connecté avec cette nouvelle génération ?

Au final, on n’est pas si éloigné que ça. J’ai arrêté il y a cinq ou six ans, je ne suis pas encore trop vieux. On a des centres d’intérêts qui sont quasi-similaires. Mis à part peut-être les goûts musicaux (sourire). Sinon, pour le reste, on peut avoir des discussions extra-rugby et je ne suis pas complètement déconnecté, ça va.

Il y a tout de même une frontière entre vous ? Dire les choses, ça peut provoquer des étincelles ?

Pas forcément des étincelles, mais il faut savoir se dire les choses. Eux n’ont aucun problème à dire qu’un entraînement ne leur convient pas. Que ce n’était pas dans leurs attentes, où qu’on aurait mieux fait de faire comme ça… Il y a parfois, pas de la critique, mais de la discussion. Ça nous arrive parfois de nous planter. Il y a les compositions d’équipes, le turnover qui se créé, ceux qui jouent beaucoup, ceux qui jouent moins, les jeunes, les plus vieux, pleins de paramètres à prendre en compte et à gérer. Jongler avec les humeurs des uns et des autres, leurs soucis personnels parfois. Il faut déceler tout ça. Même si l’activité première reste le rugby, la compétition, la performance du week-end. Il y a tout ça à prendre en compte.

Avez-vous évolué depuis cinq ans dans ce staff ? Et si oui, dans quel sens ?

Oui, ça a évolué. Je fais plus de choses que quand j’ai démarré. Et tu gardes de la fraîcheur quand il en faut, de l’énergie quand il en faut. Il faut aussi être capable de se remettre en question, d’être créatif. C’est permanent, comme quand tu es joueur au final. Sauf que quand tu es joueur, tu reçois plus. Après, tu donnes sur le terrain. C’est l’inverse quand tu es coach, tu donnes en semaine. Les rôles sont inversés. Moi j’essaie en tous cas de rester en éveil, sur ce qui se fait ailleurs, sur les discussions que tu peux avoir avec différents entraîneurs, car ça t’apporte des choses intéressantes, de nouvelles idées. Et même avec nos joueurs internationaux, par rapport à ce qu’ils vivent dans leurs sélections respectives. Que ce soit les Français, les Argentins et les autres, il y a un échange qui doit se créer, pour que ça bénéficie à l’ensemble de l’équipe et aussi à eux individuellement. Je suis toujours ouvert d’esprit, ouvert à la discussion, la porte n’est jamais fermée. Et c’est important de pouvoir échanger sur le rugby ou autre chose.

"Le niveau d’exigence d’Antoine Dupont et Romain Ntamack a augmenté"

Comment vivez-vous les jours de match ?

Il y a de la pression, évidemment. Mais le stress est différent. Tu essayes de maîtriser un maximum de paramètres en amont du match, mais quand ça démarre, tu remets tout dans les mains des mecs qui sont sur le terrain. Et puis tu as aussi une bataille à distance avec le staff adverse. Puisqu’eux travaillent aussi, de leur côté. Donc stratégiquement, techniquement, tu essayes de leur amener la bonne solution par rapport aux autres. C’est un challenge, c’est particulier.

Vous compterez encore en demi-finale sur votre charnière composée d’Antoine Dupont et Romain Ntamack. Comme vous, elle a évolué ?

Ah oui, elle a vachement évolué. Peut-être pas dans son contenu à proprement parler, car Antoine et Romain avaient déjà du talent il y a cinq ans. Par contre, dans l’aura qu’ils peuvent avoir à la fois sur les adversaires, sur l’arbitrage et sur leurs partenaires, tout ça, ça a évolué. Ils savent ce que c’est maintenant le haut niveau. Leur niveau d’exigence a lui aussi augmenté en même temps qu’ils ont pris de l’âge et de l’expérience. Ça rejaillit et ça doit rejaillir encore plus sur tous les autres.

Article original publié sur RMC Sport