Trois policiers de la Brav-M qui avaient menacé des manifestants renvoyés en conseil de discipline

Particulièrement contestée dans ses méthodes de maintien de l’ordre durant les manifestations contre la réforme des retraites, la Brav-m est visée par plusieurs enquêtes de l’IGPN.
Particulièrement contestée dans ses méthodes de maintien de l’ordre durant les manifestations contre la réforme des retraites, la Brav-m est visée par plusieurs enquêtes de l’IGPN.

En mars, un enregistrement sonore accablant à l’insu des policiers lors d’une interpellation de manifestations avait conduit Laurent Nunez à saisir l’IGPN.

POLICE - Premières conséquences pour les policiers de la Brigade de répression des actions violentes motorisée (Brav-M) qui avaient menacé et humilié de jeunes manifestants interpellés à Paris, fin mars. Ce lundi 5 juin, le préfet de police de Paris a renvoyé en conseil de discipline trois membres de la Brav-M. Quatre autres agents de cette unité ont été sanctionnés d’un avertissement, a indiqué à l’AFP la préfecture de police.

« La préfecture de police confirme suivre les recommandations de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) », a ajouté la préfecture de police, confirmant une information de BFMTV.

Début mai, dans les conclusions de son enquête administrative la police des polices avait reproché aux fonctionnaires de cette unité -reconnaissable à ses casques de motos- un ou plusieurs manquements, dont le devoir d’exemplarité, l’obligation de courtoisie à l’égard du public, l’atteinte au crédit de la police nationale et le devoir de protection de la personne interpellée.

Devant un conseil de discipline, les trois policiers encourent des sanctions potentiellement assez lourdes : de l’exclusion temporaire d’un jour jusqu’à la révocation, toutefois beaucoup plus rare.

Quant aux quatre policiers de la brigade motorisée sanctionnés par un avertissement, ils écopent une sanction disciplinaire dite du premier groupe, soit la plus basse de la fonction publique. Cet avertissement ne sera donc pas mentionné dans leurs dossiers.

Les agents plaident la « fatigue physique et morale »

Dans la nuit du 20 au 21 mars, ces membres de la Brav-M avaient interpellé sept jeunes manifestants, soupçonnés d’avoir pris part à des dégradations dans un cortège sauvage en lien avec la réforme des retraites dans le centre de Paris. C’est à ce moment qu’une des personnes interpellées avait discrètement enregistré les échanges avec les policiers.

« La prochaine fois qu’on vient, tu monteras pas dans le car pour aller au commissariat, tu vas monter dans un autre truc qu’on appelle ambulance pour aller à l’hôpital », menaçait notamment un policier envers un étudiant tchadien, Souleyman Adoum Souleyman, particulièrement visé par les fonctionnaires dans cet enregistrement. Dans sa plainte, ce dernier a rapporté qu’un policier l’a « attrapé par le sexe » et l’a insulté en lui lançant : « T’as même pas de couilles ».

Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, s’était dit « très choqué », jugeant « inacceptables » ces propos qui, « déontologiquement, posent des problèmes très graves ».

Dans des rapports à leur hiérarchie des agents de la Brav-M intervenus le soir des faits, obtenus par l’AFP, ceux-ci ont plaidé « la fatigue physique et morale ». La patronne de l’IGPN, Agnès Thibault-Lecuivre s’était déclarée « comme citoyenne, terriblement choquée ».

Une enquête judiciaire, également confiée à l’IGPN, est toujours en cours dans cette affaire.

VIDÉO - Manifestations: les méthodes de la Brav-M mises en cause dans plusieurs affaires de violences policières