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UFC 289: Nassourdine Imavov, un rendez-vous à gros enjeu

Il faut parfois savoir adapter sa stratégie. Principal pourvoyeur français de combattants tricolores à l’UFC, le MMA Factory est adepte de la politique du "tomber vers l’avant". Le principe? Tenter de prendre chaque combat face à un adversaire mieux classé pour avancer le plus possible à chaque sortie dans la cage. "C’est toujours ce qu’on veut… mais quand c’est disponible", nuance Fernand Lopez, patron de la salle parisienne. Ce qui n’est cette fois pas le cas pour Nassourdine Imavov, l’un des trois membres frannçais d’un top 15 d’une des catégories de l’UFC avec Ciryl Gane et Manon Fiorot, opposé ce week-end à Vancouver (Canada) à l’Américain Chris Curtis, quatorzième du classement, sur la carte préliminaire de l’UFC 289.

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Battu sur décision unanime et logique par Sean Strickland et son style atypique mi-janvier pour son premier main event (combat principal) et son premier combat contre un top 10 des moyens à l’UFC, même si ce rendez-vous s’était fait à la limite de poids supérieur car Strickland n’avait pas le temps de descendre si bas après avoir remplacé Kelvin Gastelum quelques jours seulement avant l’événement, le "Sniper" du MMA Factory n’a pas intégré ce dernier mais n’a pas non plus reculé au classement. Mais cette fois, il joue gros. Imavov va devoir s’imposer pour s’assurer de rester dans le top 15 et parmi les combattants qui comptent dans la catégorie. Fae à un adversaire qu'il fallait prendre comme l’explique son coach et manager.

"Quand tu reviens d’une défaite comme celle de Strickland, il faut mettre à la place de la promotion, détaille Lopez dans son émission King & The G. Quand elle te donne un combat vers l’avant et que tu échoues, que personne ne veut te prendre devant car ils veulent eux aussi tomber vers l’avant, mais qu’il y a un mec qui monte en flèche avec autant de victoires et de défaites que toi à l’UFC (4-2 pour les deux, ndlr) et qu’on te le propose, c’est le bon combat pour toi. Il ne faut pas dire non à cette proposition car c’est quelque chose qui va exaspérer rapidement côté promoteur. Il faut parfois accepter d’être la personne sur qui on tombe. C’est le cas avec Chris Curtis. (…) Il est à sa place, il vaut le top 15, ça reste un combat correct."

Opéré de la cheville en février, Imavov n’a pas hésité à vite repartir au charbon. Avec l’assurance d’un physique qui suit. "Je me sens très bien, je peux envoyer les jambes, explique-t-il dans une interview pour le site La Sueur. Le plus important, c’est que ça ne m’a pas perturbé pendant le camp d’entraînement." "Il est bien, confirme Lopez. Si on n’avait pas pensé qu’il serait opérationnel, on n’aurait pas pris ce combat qui est très compliqué quel que soit le chemin qu’on va prendre." "Il n’y a eu aucune hésitation, appuie Imavov. Il y a eu plusieurs propositions mais c’était trop court par rapport à l’opération. Là, c’était le moment parfait. C’est dur de rester sur une défaite… Après le combat, je voulais recombattre vite et encore repousser l’opération mais Fernand m’a calmé, m’a dit qu’il fallait faire les choses bien, que j’avais encore le temps."

Opposé à un adversaire "dur au mal, très bon encaisseur, qui n’arrête pas d’avancer, qui boxe bien en anglaise et qui déclenche de temps en temps des middle kicks puissants" (Lopez), Imavov a beaucoup axé son camp sur la boxe anglaise, avec notamment un gros travail auprès du regretté boxeur français Wilfried Florentin et d’un double champion du monde amateur cubain. "On est allé chercher très loin", se satisfait le combattant français d’origine daghestanaise. "Curtis est précis sur son bras arrière, et quand ça touche, ça fait mal, donc il faudra faire attention à ça, détaille-t-il. Je pense que ça va se dérouler debout, qu’il ne va pas changer ses habitudes. Il aime bien faire la guerre, il ne lâche jamais rien, il avance tout le temps et il a un bon mental." "C’est un combat compliqué à gagner mais ça reste un mec moins technique que Nassourdine", complète Lopez.

Avec un gros travail de développement de force, Imavov arrivera plus lourd et plus puissant dans l’octogone le soir du combat. Positif quand on sait que beaucoup aimeraient le voir redescendre en welters, où il a commencé sa carrière, pour mieux exploiter son gabarit (Lopez n’est pas pour mais ne ferme pas la porte). "J’ai pris trois kilos de muscle en quelques mois, révèle-t-il. Je suis maintenant à 91-92 et je suis aussi sec que quand j’étais à 89. C’est une bonne chose. Ça faisait un petit moment que j’y pensais car reprendre seulement deux kilos avant le combat, ce n’est vraiment pas assez. Contre Strickland, j’ai senti le poids adverse car c’était une catégorie au-dessus. Mais je pense que les mecs qui cuttent à 84 chez les moyens sont à 95-96 kilos le jour J. Donc pourquoi ne pas faire comme eux? Je ne pourrais pas faire pareil, car je ne perds pas beaucoup d’eau dans le sauna, au maximum deux kilos, mais être au moins à 90 kilos le jour du combat et pas à 87-88. Ce serait parfait, le poids idéal pour moi."

La défaite contre Strickland lui a appris d’autres choses. "J’ai pris énormément d’expérience. J’ai goûté aux cinq rounds, donc je suis encore plus confiant sur un trois rounds. Je sais qu’il n’y a pas de souci niveau cardio. Je suis allé me mesurer au top 10, c’est une bonne chose. On peut dire que j’ai un pied là-bas." Mais cette fois, il va falloir prouver avec une victoire. "Il faut montrer que c’était juste une erreur, que ma place n’est pas derrière mais devant. Il faudra faire les choses bien. (…) Je ne suis pas obligé de le terminer. Tu peux marquer les esprits en mettant un grand écart, en le surpassant en boxe comme en lutte, et c’est ce que je veux montrer. Je ne veux pas juste gagner, je veux vraiment gagner, pour montrer que ma place est devant dans le top 10. Mais on ne le sous-estime pas du tout."

"La défaite contre Strickland est une défaite qui a fait reculer Nassourdine de l’imaginaire d’un potentiel challenger pour le titre, appuie Lopez. Mentalement, c’est dur à encaisser. Il a un rêve, être champion un jour, et ce rêve vient de reculer. On a besoin d’une victoire." Face à un Curtis ami et partenaire d’entraînement de Strickland chez Xtreme Couture à Las Vegas (les deux viennent même de lancer un podcast ensemble), il y aura aussi l’idée d’une revanche. "Il faut que je referme cette défaite, et contre le pote de Strickland, c’est encore mieux!" "Je visualise une belle guerre, avec un adversaire qui va selon moi faire pareil que son pote qui a battu Nassour la fois d’avant en mettant la pression, imagine Lopez. Sauf qu’il est un peu plus puissant que Strickland et meilleur boxeur, en tout cas en anglaise. Il va essayer de mettre une grosse pression sur Nassour. L’idée sera de le noyer de frappes, au corps ou à la tête. On s’attend à ce que cette logique soit mise en place. Ça marche, pourquoi changer? Et de notre côté, on va voir les adaptations."

Il sera ensuite temps de penser à une possible présence sur la carte de l’UFC Paris, le 2 septembre prochain. "L’objectif est d’y être, confirme son coach et manager. Mais quand tu fais un combat très long et dur en juin, et c’est ce à quoi on s’attend, sortir avec une victoire et une petite blessure qui permette qu’on soit éligible médicalement pour septembre, c’est compliqué." "Je me concentre juste sur ce combat, conclut Imavov. Il n’y a que Curtis pour le moment. Il faut que je le passe, et avec la manière, pour me relancer. Et pour montrer que ma place n’est pas derrière mais devant. J’ai perdu contre un top 10 mais j’étais là, je n’ai pas lâché, et là quelque part ils veulent me tester en me mettant un gars de derrière pour montrer qu’il faut me redonner un top 10." La mission est connue. A Nassourdine Imavov de la remplir.

Article original publié sur RMC Sport