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Ukraine: quels sont les risques de la destruction partielle du barrage de Kakhovka?

Ukraine: quels sont les risques de la destruction partielle du barrage de Kakhovka?

Le barrage hydroélectrique de Kakhovka, situé dans les zones de la région de Kherson occupées par la Russie dans le sud de l'Ukraine, a été partiellement détruit ce mardi, Moscou et Kiev s'accusant mutuellement d'en être responsables. Pris dès le début de l'offensive russe en Ukraine, le barrage permet notamment d'alimenter en eau la péninsule de Crimée, annexée en 2014 par Moscou. À quels risques l'Ukraine fait-elle face après sa destruction partielle?

Des villages inondés

Le plus important danger, dans l'immédiat, est l'inondation causée par la destruction du barrage. Plusieurs villages ont été "complètement ou en partie" inondés et des habitants ont commencé à être évacués, a annoncé mardi, Oleksandre Prokoudine, chef de l'administration militaire de la région de Kherson. Ces évacuations se font par bus puis par train, a-t-il précisé sur Telegram.

"Environ 16.000 personnes se trouvent en zone critique", a déclaré Oleksandre Prokoudine.

En octobre, alors qu'il accusait la Russie d'avoir miné le barrage, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait affirmé qu'en cas d'explosion, "plus de 80 localités, dont Kherson", se retrouveraient "dans la zone d'inondation rapide".

"Selon les services de secours, l'eau est montée (...) à un niveau d'entre 2 et 4 mètres ce qui ne menace pas les grandes localités" situées plus bas que le barrage le long du fleuve, a de son côté déclaré sur Telegram Andreï Alekseïenko, chef du gouvernement de la région de Kherson, installé par la Russie.

Au total, les "territoires côtiers" de 14 localités où résident "plus de 22.000 personnes" sont menacés d'inondation, a-t-il précisé. "S'il le faut, nous sommes prêts à évacuer les habitants", a assuré Alekseïenko, en soulignant toutefois que leur vie n'est pas menacée et que "la situation est entièrement sous contrôle". Pour sa part, Vladimir Leontiev, le maire de la ville de Nova Kakhovka, installé par la Russie, a annoncé peu après l'évacuation d'habitants d'"environ 300 maisons" situées directement sur les rives du Dniepr.

Un danger pour la centrale de Zaporijjia?

L'entreprise publique exploitant le barrage, Ukrhydroenergo, a également souligné un risque pour la centrale nucléaire de Zaporijjia, dans le sud-est de l'Ukraine. L'eau du réservoir de Kakhovka "est nécessaire pour que la centrale reçoive l'énergie nécessaire aux condensateurs de turbine et aux systèmes de sécurité", a averti Ukrhydroenergo dans un communiqué ce mardi.

"Le monde se retrouve une fois de plus au bord d'une catastrophe nucléaire, car la centrale nucléaire de Zaporijjia a perdu sa source de refroidissement. Et ce danger augmente désormais rapidement", a déploré le conseiller à la présidence ukrainienne Mykhaïlo Podoliak dans un message adressé à des journalistes.

L'Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), une agence liée à l’ONU, a affirmé sur Twitter "suivre la situation de près" et qu'il n'y avait pas de "risque immédiat pour la sûreté nucléaire de la centrale". Ukrhydroenergo a aussi indiqué qu'actuellement, "le bassin de refroidissement de la centrale est plein". Des propos corroborés par la direction de la centrale nucléaire, sous occupation russe.

"À l'heure actuelle, il n'y a pas de menace pour la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijjia. Cinq blocs sont arrêtés à froid, l'un est à 'l'arrêt à chaud'. Le niveau de l'eau du bassin de refroidissement n'a pas changé", a dit sur Telegram le directeur, installé par l'occupation russe.

L'Ukraine y voit une stratégie pour freiner l'offensive

"L'objectif des terroristes est évident: créer des obstacles pour les actions offensives des forces armées" ukrainiennes, a estimé Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne. La Russie accuse de son côté Kiev d'avoir attaqué le barrage et de l'avoir partiellement détruit.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a convoqué d'urgence son Conseil de sécurité, a annoncé le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak, sur Telegram, en dénonçant un "crime de guerre" et un "écocide".

Article original publié sur BFMTV.com