Un Thiago Silva vous manque, et le PSG est dépeuplé

En difficulté du côté de la défense dès que Thiago Silva est absent, le Paris Saint-Germain manque encore de certitude sans son défenseur.

Ce vendredi soir, l’affiche avait tout de la simple formalité pour le Paris Saint-Germain, large leader du championnat : affronter Dijon, en déliquescence dans les méandres de la Ligue 1, poursuivre la série dingue de 4 buts inscrits au minimum par match et continuer à empiler les clean sheets. Enfin ça, c’était sur le papier, parce que sur le rectangle vert, Thomas Tuchel a surtout assisté à une démonstration de tout ce que le PSG trainait encore comme problèmes : un rythme de sénateur, une difficulté à se montrer réaliste (oui, ça arrive même au PSG), et surtout une dépendance tactique et technique à ses cadres, Marco Verratti et Thiago Silva.

Face au DFCO, le coach parisien décidait pourtant de bousculer l’équilibre de son 11, en délogeant Marquinhos de son poste hybride, pour l’envoyer au charbon aux côtés de Kimpembe dans la charnière. Une mauvaise idée, tant le duo franco-brésilien a subi vagues sur vagues sans franchement réussir à contenir l’hémorragie.

Alors oui, les absents ont toujours raison dans les débâcles. Mais force est de constater que l’histoire tend à se répéter, et que chaque fois que le « Monstro » n’est pas là, l’équipe se montre franchement moins imperméable.

Nul besoin d’avoir une mémoire d’éléphant pour se souvenir qu’en fin de saison dernière, le club francilien avait encaissé pas moins de 21 buts sur ses 10 derniers matches. Signe d’un relâchement logique après une déception européenne et des enjeux déjà ficelés oui, mais signe aussi qu’il manquait un certain Brésilien sur le terrain. D’ailleurs, cette saison, il fallait remonter au 25 septembre dernier, pour voir non seulement le PSG tomber, mais aussi encaisser deux buts. C’était face à Reims, les Parisiens s’étaient incliné 2-0, et Silva avait été au repos, Tuchel ayant alors aligné une défense Diallo - Kimpembe.

Alors si l’on ne peut refaire un scénario autour d’un homme, le niveau de cette défense sans le taulier de 35 ans pose question. Celui des doublures, mais aussi des titulaires quand ils n’évoluent pas avec leur mentor.
Sans lui, Kimpembe ne bénéficie pas de la complémentarité idoine de ce duo, et a tendance à trop porter son jeu sur l’agressivité, le contact, sans être compensé dans la lecture du jeu. Sans lui aussi, Abdou Diallo ne semble pas avoir les épaules assez solides pour assumer la tenue de la charnière, sans parler de Thilo Kehrer qui n’a pas quitté l’infirmerie de la saison et avait de toute façon été exilé sur le flanc droit.
Autrement dit : qui à part Marquinhos peut palier son absence ? Sauf qu’il est difficile, à sa décharge, d’osciller entre le rôle de milieu défensif et de taulier de la défense, sans bouleverser l’équilibre tactique et perdre l’essence même de ce qui est désormais son jeu. Ça, c’est un indicateur pour Thomas Tuchel, qui doit aussi refréner ses envies de bricolage le week-end.

Il faut aussi être lucide : malgré les nombreuses critiques essuyées au fil des ans par Thiago Silva, le PSG ne dispose pas d’alternative crédible à son Monstro. Silva, c’est celui qui prend tous les ballons de la tête, coupe les trajectoires, fait parler son sens de l’anticipation, son habileté à la relance, et pousse les siens à se damner pour l’effort collectif. Rares sont les fois où l’ancien Milanais est pris à défaut sur son placement ou dans les duels.

Dans ce début de saison étincelant du PSG en défense, il faut ainsi relever les prestations tentaculaires de Silva, lors des trois matches européens, mais aussi en championnat, comme face à Bordeaux ou Lyon. Des matches références, impériaux, où la sérénité du capitaine et la technique du défenseur ont fait corps pour éteindre les espoirs adverses. Résultat, pas moins de 10 clean sheet en ce début de saison quand le capitaine est sur la pelouse.

Face à Bruges, outre son match mené d’une main de maître, on retiendra aussi son ouverture de classe mondiale pour envoyer Di Maria sur orbite. Preuve que du haut de ses 35 ans, le n°2 de cesse aussi d’élargir son domaine de compétence. Et compense la logique physique par l’intelligence de jeu.

Reste que si l’intéressé devrait être de retour pour la réception des Belges ce mercredi, l’impression générale qu’un grain de sable peut bousiller le mécanisme de Tuchel laisse songeur. Une autre question va désormais se poser. À sept mois du terme de son contrat, le club de la capitale va devoir trancher : poursuivre l’aventure ou mettre fin à l’ère « Silva ».

« Je suis bien, je me sens bien. J’ai la pression de bien jouer pour prolonger. Mais je connais ma qualité. Je sais ce que je peux donner pour l’équipe. Mais, dans ma tête, je suis très tranquille », avait déclaré l’intéressé en conférence de presse fin septembre, répétant qu’il ne s’était jamais senti aussi fort et jeune.

Outre le niveau intrinsèque du joueur et son aura, il y a aussi une jurisprudence en la matière. Après les départs des trentenaires décriés car en perte de vitesse, d’Ibrahimovic à Motta, il faudra y repenser : était-ce si facile de trouver un joueur qui allait à la fois avoir la même influence dans le vestiaire, sans perdre qualitativement en terme de talent sur le terrain ? Plus que jamais, le club pourrait considérer avoir tout à perdre de ne pas continuer l’aventure avec le garant de sa solidité défensive.