Vinicius, le diamant que le Real Madrid doit encore polir

Remuant mais très maladroit face au Barça mercredi soir, Vinicius Junior a divisé les observateurs. Mais son immense talent devrait très vite faire l’unanimité à condition que le Real Madrid soit suffisamment patient pour profiter de son joyau.

Vinicius Junior (photo : Reuters)
Vinicius Junior (photo : Reuters)

«Vinicius joue, Suarez tue». Au lendemain de la qualification du FC Barcelone en finale de la Coupe du Roi aux dépens du Real Madrid, le quotidien madrilène AS a parfaitement résumé la différence de réalisme entre les deux rivaux mercredi soir.

Dans le premier des deux Clasicos de la semaine, le Real Madrid a cadré quatre fois en quatorze tirs. Le Barça, clinique, a trouvé le cadre à deux reprises et marqué trois fois, dont une sublime panenka de Luis Suarez. Qui dit défaite, dit évidemment coupable. Les regards se tournent alors vers un joueur en particulier : Vinicius Junior.

De belles actions mais pas de finition

Pour son premier Clasico, le jeune brésilien de 18 ans a eu le mérite de ne pas se cacher. À l’origine de presque toutes les offensives du Real Madrid, il a mis au supplice le Portugais Semedo sur son côté gauche. Sa vitesse, sa technique, sa percussion et ses nombreuses différences faites balles au pied ont enchanté le public madrilène. Mais l’ancien joueur de Flamengo s’est aussi -et surtout- distingué par un déchet abyssal dans le dernier geste.

Deux actions symbolisent sa prestation contrastée. En première mi-temps, idéalement placé dans l’axe aux seize mètres, il envoie sa frappe dans les nuages. En seconde période, il fait lever le stade, donne le tournis à Piqué et Semedo mais ne parvient pas à remettre son équipe à hauteur au tableau d’affichage. Sans aucun doute le tournant du match.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux twittos ont ironisé sur ce cruel manque de réalisme en le comparant à l’ex-attaquant de l’OM Kostas Mitroglou.

Le futur du Real, c’est lui

Recruté 45 millions d’euros par le Real Madrid en mai 2017, Vinicius a posé ses crampons dans la capitale espagnole l’été dernier. Il s’est d’abord contenté des miettes (57 minutes de jeu en Liga lors de la première partie de saison, NDLR) avant de se faire une place de choix depuis le début de l’année. Il a ainsi participé à tous les matchs du triple champion d’Europe en titre en 2019. Une nouvelle fois préféré à Gareth Bale pour animer le côté gauche de l’attaque madrilène face aux Blaugrana, Vinicius n’affiche pas encore des statistiques de “tueur” (3 but, 12 passes décisives en 26 matchs).

Les explications sont multiples. Le Brésilien n’a que dix-huit ans. Impossible à cet âge d’afficher la régularité et le sang-froid d’un joueur de vingt-cinq ans. «Aujourd’hui, le football blesse beaucoup de jeunes. On nous casse la carrière de beaucoup de joueurs parce qu’on essaye de faire d’un joueur de 17 ou 18 ans un adulte miniature, ce qu’il n’est pas», a expliqué Leonardo Jardim, l’entraîneur de l’ASM, ce jeudi en conférence de presse. Selon le technicien portugais, les jeunes joueurs sont trop utilisés et trop vite exposés.

Vinicius Junior (photo : Reuters)
Vinicius Junior (photo : Reuters)

Mais comment ne pas s’enflammer en le regardant jouer ? À seulement dix-huit ans, Vinicius réalise déjà des différences assez énormes sur son côté gauche et martyrise semaine après semaine les défenseurs de Liga. Dans un effectif de plus en plus vieillissant et qui tarde à se renouveler, Vinicius est la cure de jouvence qui manquait au Real Madrid. Bien sûr, le Brésilien a les défauts de sa jeunesse : un talent indéniable encore trop peu rentabilisé par des buts. Lorsqu’il ajoutera la finition à ses déboulés de grande classe, il sera très vite l’un des meilleurs joueurs du monde.

Vinicius remplace Neymar

Tite l’a d’ailleurs bien compris. Pour remplacer Neymar, blessé, le sélectionneur brésilien a choisi ce jeudi d’appeler Vinicius Junior pour affronter le Panama le 23 mars à Porto ainsi que la République tchèque à Prague trois jours plus tard. Tite a justifié son choix : «Sa progression est impossible à remettre en question. Il a un profil qui nous manque, en un contre un, rapide. Ses changements de direction en pleine vitesse sont impressionnants. Quand il se présente face à un défenseur, celui-ci recule, Vinicius fait peur. Le reste, il doit encore l’acquérir». Le Real Madrid n’attend que ça.