Violences sexuelles : Yannick Agnel et son agente accablés par des écoutes

Le nageur Yannick Agnel, poursuivi pour viol sur mineure de 15 ans depuis un an, et son agente Sophie Kamoun sont au cœur de révélations édifiantes du journal « L’Équipe » sur leur manière de gérer l’affaire et ses répercussions médiatiques (photo d’archive prise en janvier 2019).

VIOLENCES SEXUELLES - « Oh putain, c’est pas vrai. » Depuis un an, le nageur Yannick Agnel est mis en examen pour « viol et agression sexuelle sur mineure de 15 ans ». Une procédure qui fait suite à la relation que le double champion olympique de Londres a entretenue avec la fille de l’un de ses anciens entraîneurs alors qu’il avait 23 ans et elle 13. Une affaire dont le journal L’Équipe révèle aujourd’hui un volet édifiant, à savoir les échanges entre le sportif et son agente quant à la manière de faire face à ces révélations.

Ainsi, nos confrères publient ce jeudi 8 décembre des écoutes des téléphones de Yannick Agnel et Sophie Kamoun. Cette dernière, ancienne nageuse olympique, est devenue l’un des personnages centraux de la natation tricolore en cumulant des fonctions d’agente de certains des plus grands talents français et de consultante pour divers médias.

On découvre notamment un coup de téléphone passé juste avant l’explosion de l’affaire, alors que Yannick Agnel vient d’être informé de la plainte par un nageur invité à témoigner. Une discussion dans laquelle il reconnaît « être tombé amoureux d’une gamine » et explique être désormais poursuivi pour viol.

« Tu peux pas faire autrement que nier »

« Vous avez pas couché ensemble, par contre attouchements ? », demande Sophie Kamoun. Ce à quoi Yannick Agnel répond par l’affirmative. Et son agente de lui prodiguer des conseils et de prendre le contrôle de la situation. Elle s’assure qu’il n’y ait pas de preuves de la relation comme des échanges de messages, martèle au nageur des éléments de langage notamment sur l’absence de rapport d’autorité entre le sportif et l’adolescente, lui dit de prendre un avocat au plus vite.

Elle l’assure aussi : « La meilleure ligne de défense c’est de dire : ’Encore un coup de la famille Horter’ (du nom de l’ancien entraîneur du nageur et donc père de la victime, contre qui Yannick Agnel a été en procès pour des raisons commerciales, ndlr). Tu peux pas faire autrement que nier. Il y aura toujours un doute, jamais de preuve. »

Des conseils face auxquels le double champion olympique semble hésiter, comme le rapportent encore nos confrères de L’Équipe. Et Sophie Kamoun de répondre : « T’en as rien à foutre, t’as rien à avoir sur ta conscience (...) Accuser quelqu’un de viol alors qu’elle était consentante, oh ! ». Un ton qui se retrouve dans d’autres écoutes révélées par le quotidien sportif, notamment lorsque l’agente explique qu’elle mettra la pression sur une autre nageuse qu’elle gère pour qu’elle ne témoigne pas.

Emprise, manipulation et viol

C’est une fois mis par les enquêteurs face à ces écoutes que le nageur finit par reconnaître les faits. Il leur répète alors avoir fait « l’erreur de tomber amoureux », concède des masturbations mutuelles et finalement une tentative de pénétration avortée. Avec cette justification : « J’étais tiraillé entre l’excitation et le dilemme parce que je considérais que ce n’était pas moral qu’on le fasse alors qu’elle avait cet âge-là. »

Une version que conteste la fille de Lionel Horter, qui assure que la pénétration a eu lieu et que Yannick Agnel a fini par s’arrêter du fait de ses larmes. Aux policiers, elle décrit l’emprise d’un homme bien plus vieux et auréolé d’un parcours sportif d’exception, d’un statut de star de la natation. Un contexte généralisé de « manipulation » et de rapprochement physique auquel elle n’était pas en capacité de consentir.

À la veille de la publication de l’article de L’Équipe, le quotidien et RTL a en outre révélé qu’une deuxième victime potentielle du nageur avait récemment été entendue, ce qu’a confirmé le parquet de Mulhouse. Il s’agit d’une jeune femme de l’entourage familial de Yannick Agnel, qui a évoqué face aux enquêteurs des attouchements alors qu’elle était mineure. Des accusations que l’intéressé devra commenter prochainement lors d’une audition début 2023 par le juge d’instruction.

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