Volley: "Manager me tente", pourquoi coach Enard a dit stop à Berlin après un triplé

Cédric, en cinq ans avec le Berlin Recycling Volleys, vous avez gagné quatre Bundesliga, deux Coupes d’Allemagne et quatre Supercoupes. En quoi ce quinquennat vous a changé?  

Je retiens d’abord l’émotion des adieux, juste après le dernier titre, le mois dernier. J’ai adoré ce club. C’est une machine à gagner, un rouleau compresseur du succès. Mais derrière le palmarès, j’ai rencontré des hommes, des supporters, des joueurs dont je me suis imprégné. J’ai noué des liens très forts avec mon président, Kaweh Niroomand, qui a su construire un club solide où les huit salariés connaissent leur secteur. C’est une structure de très haut niveau. Quand on se sent soutenu et poussé par son patron, on peut déplacer des montagnes. Je retiens aussi le challenge familial de partir tous ensemble à Berlin dans une très grande capitale. Je me suis aussi imprégné des clubs de Berlin au foot, au basket, au handball, au hockey à la Mercedes-Benz Arena. Je me suis nourri des joueurs comme le passeur russe Sergey Grankin. Ce sont des richesses. J’ai appris et je suis certain que ça va me servir, à l’avenir.

Il faut être champion chaque année à Berlin?

Oui, il n’y a pas le choix. C’est génial, c’est la mentalité qu’il faut pour gagner mais parfois, il faut savoir prendre du plaisir quand on gagne un match sans la manière. Gagner c’est la norme. Partir sur ce triplé Supercoupe-Coupe-Bundesliga, c’est une fin rêvée au-delà de l’imaginable.


Pourquoi ne pas être resté?  

J’ai annoncé mon départ à mon président en janvier dernier car j’avais besoin de souffler pour réfléchir à l’avenir. Depuis plusieurs années maintenant, j’enchaîne la saison en club puis l’été avec des équipes nationales (France A de 2017 à 2019, l’Estonie en 2020-2021 et la Croatie depuis 2022). J’ai commencé à entraîner alors que je n’avais pas encore 30 ans. C’est chronophage et si on rajoute l’énorme pression quotidienne à Berlin - ne vous méprenez pas cette pression est une bonne chose -, cela fait beaucoup. Je pense aussi que c’est la fin d’un cycle. En 2017, je suis parti de Toulouse, après la finale du championnat perdue contre Chaumont, pour les mêmes raisons. J’ai signé à Tours, dans le plus grand club de France. Là aussi, c’est une machine à gagner où la pression est quotidienne. En 2018, Berlin m’a offert le même canevas. Voilà, maintenant je dois réfléchir à la suite.

"Je ne cumulerai plus club et équipe nationale"

Il n’y aura plus de doubloVous avez reçu des offres depuis l’annonce de votre départ ?

Bien sûr mais j’ai été clair: pas de club! Je me suis inscrit à la prochaine formation de manager général au Centre de Droit et d’Economie du Sport (CDES) de Limoges pendant ma "période sabbatique". J’ai eu des discussions avec mon président berlinois en ce sens. Je réfléchis car le poste de manager me plairait bien. On va voir ce qu’il se passe et je reste en contact en tant que conseiller du président. En septembre après l’Euro, je suis libre de réfléchir à mon avenir ou de m’engager en cours d’année dans un club car on ne sait pas ce que l’avenir réserve. Il faudra voir où se situe mon envie de retrouver le Taraflex. Je suis à l’écoute d’un beau projet. En revanche, une chose est sûre. Je ne cumulerai plus club et équipe nationale. Il n’y aura plus de doublon.

Quel est le niveau de la Bundesliga par rapport à la Ligue A Masculine?

Après le top 4 (les historiques Berlin et Friedrichshafen, Duren qui parie sur de jeunes volleyeurs allemands et Luneburg avec sa nouvelle salle), le niveau tombe plus bas que la LAM. En coupe d’Europe, Duren a battu Zirat à domicile et Luneburg a fait tomber Modena dans sa salle. Friedrichshafen a éliminé Montpellier et Tours. Aujourd’hui, cette Bundesliga est le championnat français d’il y a quinze ans.

Quels sont vos objectifs avec l’équipe nationale de Croatie?  

L’an dernier, on a remporté la médaille de bronze de la Golden League européenne et le mois prochain, on organise le Final Four de cette compétition européenne. La fédération se structure pour tenter de rivaliser un jour avec les voisins serbes et slovènes. Les joueurs croates commencent à apparaître au plus haut niveau avec le pointu Petar Dirlic qui a joué Cisterna l’an dernier et sera à Milan la saison prochaine pour remplacer Jean Patry. Le réceptionneur-attaquant Marko Sedlaček a signé à Jastrzebski, le club de Toniutti, Boyer et Clévenot. Il y a une volonté de se battre pour gravir un échelon et tenter d’accéder à la VNL. En revanche, on n’a pas de ranking assez haut pour participer au tournoi de qualification olympique. Je négocie pour m’engager encore une saison avec la Croatie, jusqu’en septembre 2024 pour être libre de mes choix et ne pas cumuler, comme je vous le disais, club et équipe nationale. On verra donc.

Article original publié sur RMC Sport