Wild Waters, le film inspirant sur la quête de record du monde de la kayakiste française Nouria Newman
Avec Wild Waters, Nouria Newman dévoile un film retraçant son record du monde de la plus haute chute jamais descendue en kayak par une femme (31,7 m) mais aussi son parcours inspirant, du slalom olympique aux rivières impitoyables en plein coeur de la jungle.
Nouria Newman, sûrement l'une des aventurières les plus « badass » du monde. Les témoignages des légendes de la discipline dans son film Wild Waters donnent le ton, si jamais ses trois titres de championne du monde de kayak extrême et les images à la fois enivrantes et terrifiantes de ses prouesses aux quatre coins du monde ne suffisent pas.
« Elle est bien plus qu'une femme kayakiste hors pair, assure Ben Stookesberry, un des plus respectés du milieu, avec qui la Française part régulièrement en expédition. Elle est une kayakiste et une aventurière multidiscipline hors pair, tous genres confondus. C'est une bête. » Du haut de son mètre 60, Nouria Newman a gagné le respect du milieu grâce à ses talents dans les eaux vives et sa personnalité attachante.
Nouria Newman
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« Sur les deux secondes et demie de chute, tu ne penses à rien, tu ne sens plus rien. Comme si le temps ralentissait. C'est un moment magique. »
Le film Wild Waters (réalisé par David Arnaud) raconte ainsi comment la Française de 30 ans a dompté les rivières tumultueuses d'Equateur pour descendre cette chute de 31,7 mètres de haut (104 pieds), en plein coeur de la jungle et s'offrir le record du monde féminin. Mais plus que la hauteur, c'est surtout une première mondiale. Personne avant elle n'avait tenté cette chute.
« Sur les deux secondes et demie de chute, tu ne penses à rien, tu ne sens plus rien, détaille celle qui a été nommée « meilleure pagayeuse de l'année » pour la cinquième année consécutive. C'est comme si le temps ralentissait. C'est un moment magique : tu fais tes mouvements, rien d'autre n'est important. Par contre, le moment où tu te prends l'impact de plein fouet, c'est un bon retour à la réalité. Tu passes du moment de grâce à un coup de poing dans la figure. »
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Mais ce film va au-delà de la performance sportive. Il raconte tout son parcours, images d'archives à l'appui, d'une Savoyarde longtemps tiraillée entre le monde de la compétition aux bateaux en carbone (le slalom) et celui des rivières avec ses embarcations en plastique. Même si elle planifie tout en fonction des entraînements pour performer, l'étudiante à Sciences Po a du mal à s'y faire, à ce fonctionnement d'équipe de France et l'ambiance parfois délétère. Jusqu'à en venir à détester le kayak.
Nouria Newman
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« J'ai commencé pour la notion de jeu. Ce qui me plaisait, c'était d'aller en camping avec mes copains, sur des compétitions ou des descentes de rivières. »
« Ce milieu aseptisé, de bassin artificiel, c'était plus la raison pour laquelle j'ai fait du kayak, explique la vice-championne du monde 2013 de slalom, membre de l'équipe de France pendant plusieurs années. J'ai commencé pour la notion de jeu. Ce qui me plaisait, c'était d'aller en camping avec mes copains, sur des compétitions ou des descentes de rivières. Pas forcément très dures, mais des endroits jolis, comme les gorges de l'Ardèche. Et là, c'était des bassins artificiels en béton, tout le temps les mêmes courses... je ne prenais plus de plaisir. »
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Une chute vertigineuse de 23 m sur la cascade du Doubs signée Newman
Alors qu'en rivière, elle rayonne, portée par une technique unique construite au fil de ses années sur le circuit classique et son besoin de nature. Elle qui a toujours concilié les deux mondes stoppe le slalom et en août 2014, elle devient la première femme à descendre au Canada « site Z » sur la Stikine, un des rapides les plus difficiles du monde. LA référence. Une sorte d'Everest du kayak. Son ancien coach en équipe de France, Yves Narduzzi, évoque « un loup domestique rappelé par la forêt ».
Si ce film est fort, c'est aussi que Nouria Newman évoque ses doutes et ses peurs ou avec émotion la disparition en expédition de son amie Louise Jull. Elle partage aussi ses images de caméra embarquée où elle craque suite à une erreur sur l'eau qui aurait pu lui couter cher comme ses pensées à peine réveillée à 4 heures du matin. Authentique.
Nouria Newman
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« Si un jour, je me retrouve devant une chute de plus de 100 pieds, qu'elle me plaît, pourquoi pas ! »
Islande, Patagonie, gorges du Verdon... Les expéditions s'enchaînent et montrent une autre partie de sa vie : Newman l'aventurière. Entre copains, avec les légendes du milieu ou seule, comme en Himalaya, quand elle a failli y rester, bloquée un instant dans un siphon alors qu'elle était partie la veille pour 375 km de descente en solo.
Pour le reste de l'année, Newman n'a pas encore planifié de grosse expédition à l'autre bout du monde, voulant poser son kayak plutôt dans les Alpes. Tout en évoquant l'option du Pakistan à l'automne.
« C'est pas parce que j'ai fait 104 pieds (31,7m) que maintenant, je vais avoir l'objectif de taper 106, 108, précise-t-elle. Finalement, la hauteur, c'est pas toujours le plus pertinent. Si un jour, je me retrouve devant une chute de plus de 100 pieds, qu'elle me plaît, pourquoi pas ! Je continue de faire des chutes, mais sans pression. Ce serait dommage de perdre la technique. »