Yannis Morin (Roanne) dénonce des « blackfaces » dans les tribunes du Portel pendant un match de Betclic Élite

Yannis Morin lors du media day LNB d'avant-saison. (A. Réau/L'Équipe)

Le match de Betclic Élite entre Le Portel et Roanne samedi a été marqué par la présence dans les tribunes de trois supporters avec un visage grimé de noir. Un acte considéré comme raciste. Le club nordiste évoque un hommage « blackfaces » mais la LNB s'est saisie de l'incident.

« À quel moment en 2023 peut-on tolérer ce type de déguisement ? » Quelques minutes après la victoire de Roanne samedi sur le parquet du Portel (95-84), Yannis Morin a dénoncé sur Twitter la présence de trois « blackfaces » parmi les supporters nordistes. « J'ai eu le malheur de voir trois hommes en bord de terrain, peinture noire, rouge à lèvres rouge, perruques cheveux crépus, habits traditionnels antillais », a raconté l'intérieur, natif de Martinique, et MVP de la rencontre avec 20 points et 15 rebonds.

« Un hommage mal interprét頻 selon Le PortelLe « blackface » consiste à se peindre le visage en noir. Il est considéré comme un acte raciste, car il renvoie à des spectacles parodiques qui se déroulaient aux États-Unis à l'époque de la ségrégation raciale. D'après la photo publiée - puis supprimée mais encore visible sur le site de Franceinfo - les trois supporters de l'ESSM voulaient rendre hommage à Jacky Périgois, ancien entraîneur-assistant du club, parti vivre en Martinique. « Jacky, on pense à toi », indiquaient les banderoles dans les mains des trois supporters.

Sous le tweet de Morin, le club nordiste, qui organisait samedi son traditionnel match du carnaval, a tenté de défendre ses trois fans. « L'hommage réalisé par nos supporters à notre ancien assistant coach Jacky Périgois a été mal interprété », assure l'ESSM. « C'est un clin d'oeil à Jacky Périgois mais ce n'est pas intelligent d'avoir fait ça. Je ne pense pas que ça soit fait de façon délibérément raciste mais c'est très maladroit. Yannis est venu me voir à la fin du match en me disant "C'est incroyable, j'ai vu des mecs déguisés en Antillais, c'est une insulte à mes origines". Il avait presque les larmes aux yeux », raconte à L'Équipe l'entraîneur de la Chorale, Jean-Denys Choulet.

La Ligue nationale (LNB) a indiqué « prendre acte » de l'incident. Son comité directeur se réunira mercredi pour statuer, et pourrait saisir la Commission juridique. « Ce sont des choses que l'on se refuse d'accepter, a déclaré Alain Béral, le président de la LNB, à France Info. On ne le laissera pas passer, jamais. Que ce soient des invectives, des banderoles, ou des agissements à caractère raciste. La Commission de discipline est très sensible là-dessus, on va revisionner tout ça et écouter tout le monde, qui sera convoqué. »

Béral a aussi confié que « la réaction du club (était) un peu décalée. Ils ont répondu pour se défendre, mais les images que l'on a vues, ce n'est pas tout à fait ça. » L'incident intervient également un mois après les propos racistes prononcés contre Loïc Akono lors d'un match à Charleville-Mézières en Nationale 2.