Zaccharie Risacher, annoncé dans le top 5 de la prochaine draft NBA: "Je veux juste être le meilleur basketteur possible"

Zaccharie Risacher, annoncé dans le top 5 de la prochaine draft NBA: "Je veux juste être le meilleur basketteur possible"

Zaccharie Risacher, la défaite en finale du Mondial U19 avec la France contre l’Espagne marque la fin d’une saison chargée pour vous. Quel bilan en tirez-vous ?

Je retiens tout ce que j’ai pu apprendre lors de ma première saison au contact des professionnels. Ça a été une saison avec pas mal de changements pour moi. J’ai pu accomplir du travail individuel et m’exprimer pleinement sur certains matchs. Je pense que j’aurais pu mieux faire, j’ai tout de même quelques regrets car je pense que je n’ai pas pu m’exprimer comme je le souhaitais (16 matchs de Betclic Elite au total, ndlr). Je travaillais quotidiennement tous les jours pour jouer donc c’était assez frustrant.

C’est à cause de cette frustration que vous avez décidé de rejoindre la JL Bourg ?

Le projet de la JL Bourg est celui qui me correspondait le mieux je pense. Plus de responsabilités, un effectif dans lequel je vais pouvoir m’épanouir… La frustration m’a poussé à prendre cette nouvelle option.

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A post shared by Viktorija Burakauskas (@toribur) on Jan 21, 2020 at 8:43am PST

Votre départ de l’ASVEL a pu étonner car, début avril, Tony Parker (président de l’ASVEL, ndlr) a déclaré dans les colonnes du Progrès qu’il souhaitait construire le projet autour de vous. Derrière, vous décidez de partir à la JL Bourg… Il y a eu une cassure avec l’ASVEL ?

Honnêtement, il n’y a jamais eu de cassure de mon point de vue. Sans paraître autocentré, c’est quand même le point de vue du joueur qui compte dans ces moments-là. Dans ma perception des choses, c’était une réflexion qui a été entamée il y a un moment. Pour tout le monde, ça a été un peu brutal. Mais ça a été réfléchi et décidé progressivement. J’ai jamais rien caché à Tony et à T.J (Parker, le coach du club rhodanien).Toute la saison, j’ai été direct, je ne me suis caché de rien. Je n’ai pas dit au dernier moment que je voulais partir, ça ne s’est pas passé comme ça

Je voulais rester et poursuivre ce projet de trois ans ici. Pour ça, il fallait que je ne cache rien à mon coach et à mon président. Pendant l’année, quand certaines choses me déplaisaient, j’en parlais. Au final, il n’y a pas eu d'évolution suffisante de mon point de vue. Tony et T.J n’ont pas été surpris de ma décision finale. Je comprends pourquoi ça a pu paraître si soudain, mais de mon point de vue, ça été bien géré. J’ai parlé avec eux tout au long de l’année, j’ai eu des réunions à chaque fin de trimestre. A la fin, je ne leur ai pas caché que j’hésitais à rester. Il n’y a pas eu de malentendu.

La page ASVEL est désormais tournée pour vous. Quelles sont vos attentes pour la saison prochaine avec la JL Bourg ?

J’ai envie de m’affirmer en tant que joueur professionnel, avoir un rôle au sein d’une équipe pour atteindre mes objectifs individuels mais surtout collectifs, avec un haut de tableau en championnat de France et des playoffs en Eurocup. Je suis très excité d’être dans un projet aussi attirant, d’avoir la chance d’être au sein d’une organisation qui me donne ce dont j’ai besoin. Je suis motivé pour que cette saison soit mémorable.

"Cet instinct de tueur est à travailler mais je sais que j’ai ça en moi, je n’aime pas me faire marcher dessus"

À la fin de cette saison 2023-2024, il y aura la draft NBA. Dans les mock draft (les prévisions des médias américains), il y a déjà beaucoup d’engouement autour de vous et vous êtes annoncé dans le top 5. Comment appréhendez-vous tout ça ?

Je trouve ça très flatteur d'être aussi haut dans les prévisions. J’ai ce recul sur la situation qui me permet de vouloir être toujours meilleur. La draft est dans un an, il peut se passer tellement de choses… J’essaye de ne pas faire attention. Ma volonté est d’abord de m’affirmer en tant que joueur professionnel avant de prétendre être top 5 à la draft. Pour le moment, c’est ça ma priorité. Je sais que si tout se passe bien la saison prochaine, si j’arrive à atteindre mes objectifs individuels et collectifs, la NBA sera accessible. Mais ce n’est pas quelque chose à laquelle je pense actuellement. Ce qui doit arriver arrivera. Pour l’instant, je veux juste être le meilleur basketteur possible.

Etes-vous conscient d’entrer dans une nouvelle dimension, avec beaucoup d’attentes et de lumières sur vous la saison prochaine ? Vous vous êtes déjà préparé à ce que vos performances soient scrutées de près, notamment par les scouts NBA?

C’est vraiment nouveau pour moi. Je ne peux pas être préparé à ça car depuis que je suis petit, je joue au basket pour être le meilleur et pour m’amuser. Ce qui se passe autour, je ne suis pas forcément préparé à ça. Mais il n’y a pas de raison que ça pose problème. Ce n’est pas quelque chose dont je me suis préoccupé.

Le fait d’avoir un papa qui est un ancien basketteur professionnel (Stéphane Risacher, vice-champion olympique en 2000, ndlr) doit aussi aider à prendre du recul, non ?

C’est sûr que ça aide, c’est un avantage énorme. Il me donne des conseils pour le terrain mais aussi pour ce qu’il y a en dehors. Je suis conscient de la chance énorme que j’ai.

Les entraîneurs qui vous ont cotoyé depuis vos débuts louent votre sens du collectif et votre humilité. Mais ils assurent que cela peut parfois être un petit défaut car vous n’aimez pas vous mettre en avant et que vous pouvez devenir encore plus tueur. Vous êtes d’accord avec ça ?

Je suis à moitié d’accord avec ça. Les faits sont là, c’est une évidence: parfois, mon envie d’être collectif prend le dessus sur mes responsabilités. Je suis d’accord avec ça. Cet instinct de tueur est à travailler mais je sais que j’ai ça en moi, je n’aime pas me faire marcher dessus. Je joue au basket pour une seule chose: gagner. Je comprends pourquoi on peut penser que je ne suis pas assez tueur, mais, pour moi, c’est faux. Je joue au basket pour gagner, être le meilleur et pour rien d’autre.

Au-delà de cet instinct de tueur, la NBA et la draft favorisent les joueurs plutôt individuels et, dans un sens, un peu égoïstes…

C’est vrai. J’ai appris le basket et j’ai été éduqué en le percevant comme un sport collectif. On ne gagne pas tout seul. Je dois travailler sur le fait d’être un peu plus égoïste dans le jeu mais que j’apprenne à bien le faire, car je ne veux pas devenir ce genre de joueurs autocentrés. Le mieux est de trouver le juste milieu.

"Le but est de devenir l’arrière moderne"

D’un point de vue purement technique, quel est votre axe de progression sur lequel vous voulez absolument travailler la saison prochaine ?

Cette année, j’ai beaucoup travaillé avec Joseph Gomis (ancien meneur de l'équipe de France, coach assistant à l'ASVEL). On travaillait sur le fait de jouer comme un arrière, de vraiment me baisser en jouant, de baisser mon centre de gravité, de gérer mon dribble après les contacts. L’objectif est de jouer comme un poste 2 et de profiter de ma taille, mon envergure et mes qualités athlétiques. Le tout en gardant mes qualités et ce que je sais déjà faire, être à la passe, aller au rebond…

Vous voudriez donc vous fixer sur le poste d’arrière ?

A terme, oui, c’est mon objectif. Après, tout dépendra de la manière avec laquelle je suis utilisé. Je peux tout aussi bien m’exprimer sur le poste d’ailier. Mais le but est de devenir l’arrière moderne.

C’est vrai qu’un arrière qui débarque en faisant 2,04m (sa taille actuelle, ndlr), c’est tout de suite très embêtant pour les équipes adverses…

C’est ça ! Le but est d’être un joueur qu'il est intéressant d’avoir dans son équipe.

Quels sont vos modèles en ce moment ?

En Europe, j’aime beaucoup les meneurs et les arrières comme Sergio Llull, Shane Larkin, Vasilije Micic… Ces combos 1-2 qui savent un peu tout faire. En NBA, c’est Kevin Durant et Paul George, des joueurs de grande taille capables de jouer comme des arrières.

Article original publié sur RMC Sport