"Zubi" s'arrête à Marseille

Pressenti depuis quelques jours pour succéder à Gunter Jacob, Andoni Zubizarreta a été nommé officiellement directeur sportif de l’OM. Une semaine après Rudi Garcia, le club phocéen enregistre l’arrivée d’un nouvel homme fort, au parcours pas si linéaire.

"Zubi" s'arrête à Marseille

C’est sans doute cela qu’on appelle une gestion « à l’américaine ». Depuis l’officialisation du rachat de l’OM par le milliardaire américain Frank McCourt, la nouvelle direction ne traine pas pour changer le visage du club. Ou plutôt, les visages. Après Frank Passi, remercié la semaine dernière au profit de Rudi Garcia, c’était en effet hier au tour de Gunter Jacob de tirer sa révérence. Et c’est sans surprise –  mais au pas de course – qu’Andoni Zubizarreta lui a officiellement succédé aujourd’hui.

Avec l’arrivée de l’ancien gardien de la Roja au poste de directeur sportif, Marseille affiche clairement ses nouvelles ambitions. Un coup d’œil au CV de l’impétrant suffit d’ailleurs à s’en convaincre. Pas moins 833 matchs en Liga, 126 en sélection, une victoire en C1, quatre participations à la Coupe du monde, et cinq années à la direction sportive du Barça entre 2010 et 2015 : pas de doute, « Zubi » a de la bouteille… Et plutôt du genre grand cru. Mais si ses exploits dans les buts le précèdent, c’est surtout la dernière ligne de son curriculum qui a poussé l’OM, sans doute moins attiré par ses réflexes que par l’épaisseur de son carnet d’adresses, à lui faire les yeux doux.

A en juger par les noms qui y figurent, on comprend mieux les avances marseillaises. Mascherano, Fabregas, Rakitic, Alba, Neymar, Suarez : tous ont été attiré en Catalogne par le natif du Pays basque espagnol. De quoi satisfaire pleinement Pep Guardiola, qui avait dû lourdement insister à l’époque pour qu’il accepte de troquer l’habit de chroniqueur sportif qu’il portait depuis 2005 pour celui, plus exposé, de directeur sportif du « Mès que un club ».

Des accidents de parcours

Habile dans la prise de contact et l’identification des profils de joueurs nécessaires à l’épanouissement du collectif, Zubizarreta n’est pourtant pas du genre omnipotent, à la différence d’un Campos (habitué à tout contrôler, de la comptabilité au recrutement). Un sens du placement auquel Rudi Garcia, qui l’a rencontré le 13 octobre dernier à Paris, n’a pas dû être insensible… Discret, proche des joueurs (avec lesquels il a l’habitude de s’entretenir), le Basque préfère en outre l’ombre à la lumière. Sans doute car tout au long de sa carrière, il a connu les deux.

Habitué aux coups d’éclats, l’homme a aussi connu son lot de demi-teintes. En tant que gardien tout d’abord, où son parcours exemplaire à Bilbao, Barcelone puis Valence, a été entaché par quelques accidents de parcours. Comme les bourdes commises lors de la finale de Ligue des Champions face au Milan AC en 1994 (4-0), ou encore face au Nigéria au Mondial 1998. De rares mais ineffaçables revers que Zubi a également subis en tant que directeur sportif du Barça. Son éviction en 2015 doit en effet autant à l’interdiction de recruter dont le club a été frappé en 2014 - dont il a été commodément tenu pour responsable - qu’à certains ratés dans le recrutement (Song, Vermaelen, Douglas notamment).

Autant d’erreurs qui lui ont coûté cher, mais qui ne doivent pas oblitérer ses nombreux succès. Ses « gros coups » bien sûr, mais aussi son travail de l’ombre, par essence moins médiatique mais tout aussi fondamental. A l’image de celui entrepris à l’Athletic Bilbao, lors de son passage à la direction sportive du club, entre 2001 et 2004. Même si son association avec l’entraîneur Jupp Heynckes n’a pas permis au club basque de se hisser au-delà de la 7è place du classement, Zubizarreta l’a restructuré en profondeur, du centre de formation à l’équipe pro. Un travail de longue haleine qui porte aujourd’hui ses fruits.

De quoi conforter les dirigeants olympiens, animés d’une réelle volonté de reconstruction du club, dans leur choix du technicien espagnol. A en juger par l’ampleur du chantier, sa présence aux côtés de Rudi Garcia ne sera pas de trop pour y parvenir. D’autant plus que le nouveau propriétaire est un homme pressé…