Cannes: Kore-Eda pour que le spectateur se demande "qui est le monstre"

Palme d'or en 2018, le cinéaste japonais Hirokazu Kore-eda a présenté "Monster" mercredi à Cannes, un drame sur le harcèlement en milieu scolaire raconté du point de vue du professeur puis de celui de son élève, pour que le spectateur "se demande qui est le monstre".

La structure en trois parties du film "permet surtout une chose: c'est qu'on a beau avancer, finalement, dans l'histoire, on ne comprend jamais vraiment ce qu'il se passe", a expliqué le réalisateur, sacré sur la Croisette avec "Une affaire de famille".

Rompant avec ses habitudes, Kore-Eda s'appuie cette fois sur un scénario de Yuji Sakamoto, qui décrit les événements de différentes perspectives, permettant de "mieux faire ressortir l'humanité des personnages".

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"Extrêmement brillant", selon le réalisateur, ce scénario donne l'occasion d'en apprendre "un peu davantage à chaque fois mais, pourtant, on n'a jamais finalement une vision parfaitement claire de ce qu'il se passe. Ca nous permet vraiment d'être happé par le film" et de ménager "une espèce de tension".

"Je voulais que le spectateur soit capable de chercher, de la même façon que le font les personnages dans le film, et qu'il se pose la question: qui est le monstre ?", a ajouté Hirokazu Kore-eda, 60 ans.

Après des échappées en France et en Corée du Sud ("Les bonnes étoiles", en compétition l'an dernier), il livre un long-métrage aux personnages pleins d'humanité et "d'amitié" et un message universel sur des institutions, en l'occurrence le système scolaire, qui se protègent.

"Il se trouve que c'est une école primaire mais je pense que ce qu'on voulait pointer, c'était le fait que, quand une institution met tout en haut de ses priorités le fait de se protéger, ce qu'il s'est réellement passé n'a pas d'importance", a-t-il souligné, reprenant ainsi l'une des répliques de la directrice de l'école.

"Ca ne vaut pas que pour le système éducatif japonais, a ajouté le cinéaste. Je pense que ça vaut pour la plupart des institutions, collectivités, qui ont en général tendance à vouloir se protéger avant toute chose".

Particulièrement apprécié à Cannes, Hirokazu Kore-Eda s'est distingué dès 2004 avec "Nobody Knows", qui a valu le Prix d'interprétation masculine à Yûya Yagira, puis en 2013 avec le Prix du jury pour "Tel père, tel fils", avant la Palme cinq ans plus tard.

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